GOLDORAK

GOLDORAK

En France

1) Arrivée en France

 Alors qu'il est en voyages d'affaires au Japon, Bruno-René Huchez, alors employé du groupe Marubeni, profite d'un peu de son temps libre pour zapper sur les différentes chaînes de télévision alors qu'il est dans sa chambre d'hôtel : c'est ainsi qu'il découvre Grendizer.
Bien vite germe en lui l'idée d'acheter des dessins animés japonais afin de les proposer en France; ainsi il entrera en contact avec la Toei, (qui n'a jusque là pas ou peu traité avec l'étranger), rencontrera son président, Chiaki Imada, et achètera les droits de Grendizer (puis plus tard, par le biais de sa société IDDH, d'une multitude de séries nippones, dont Capitaine Flam, Albator, X-Or, Cobra ou bien encore Lady Oscar) pour l'ensemble de l'Europe.

 Les droits de la série en poche, BRH trouve en Jacques Canestrier un distributeur, lequel créera sa propre société, Pictural Films.
Ce dernier propose la série à Antenne 2, alors à la recherche de programmes pour la jeunesse d'un nouveau genre, qui se montre intéressée. Guy Maxence achète la série pour la chaîne, puis Canestrier signe alors divers accords de merchandising avec plusieurs sociétés (dont Mattel), et fait réaliser le doublage des 52 premiers épisodes de la série.
Michel Gatineau, qui prête sa voix au Professeur Procyon, est responsable de l'adaptation et tient aussi le rôle de chef de plateau durant le doublage : les personnages sont tous renommés (exception faîte de Banta et Véga), leurs noms étant pour la plupart inspirés de ceux d'astres; de même les noms de lieux sont aussi modifiés, Tokyo devenant ainsi Perlépolis 
ou encore le Mont Fuji devenant le Mont Géode. 
Gatineau renomme enfin les attaques du robot en créant un lexique très particulier qui fera merveille : Cornofulgur, Astéro-haches, Fulguro-poing, etc.
Le nom français de Grendizer est désormais Goldorak, contraction de Goldfinger (titre d'un des films de la série James Bond) et Mandrake (le magicien, célèbre personnage de bande dessinée créé par Lee Falk).

Entre temps, Jacqueline Joubert devient directrice des programmes jeunesse d'Antenne 2, et est fermement opposée à la diffusion de Goldorak, qu'elle qualifie d' "horreur".
La direction d'Antenne 2, dont Maurice Ulrich (alors PDG de la chaîne) se réunit pour jeter un oeil sur ce dessin animé. N'y voyant rien de répréhensible, elle valide la programmation de Goldorak; la diffusion commence ainsi le 3 Juillet 1978.

Contre toute attente, le succès est immédiat, si bien que la diffusion se prolonge à la rentrée - on prête même à la série d'avoir réussi à atteindre les 100% d'audience au cours de la rentrée 1978. Bien vite Goldorak devient un véritable phénomène, qui se décline sous toutes les formes : figurines, poupées mannequins, disques, bandes dessinées, albums de vignettes, posters, voiture à pédales, bonbons, bouteilles de shampooing, etc; le magazine Paris Match lui consacrera même sa une. Goldorak est extrêmement vendeur, et certaines entreprises ne se gênent pas pour exploiter le filon même en l'absence d'un contrat de licence en bonne et due forme.
Le robot des temps nouveaux fera même son apparition dans les salles obscures, à l'occasion de "Goldorak comme au cinéma" (en fait un montage des ep.1, 2, 4, 5 et 10).

De ce succès sans précédent naîtra une polémique tout aussi considérable, la série étant entre autres condamnée pour sa "violence", la France (ou tout du moins une partie de celle-ci) ayant à l'époque une conception du dessin animé très différente de celle des japonais (ce qui n'a pas beaucoup changé il faut bien le reconnaître). 

Enfin, bien que n'étant pas le premier dessin animé japonais à avoir été diffusé en France (Le Roi Léo et Prince Saphir, par exemple, l'avaient précédé), Goldorak est sans conteste celui qui ouvrira les portes du phénomène Japanimation dans notre pays.

  

2) La version française

 

Lors de son arrivée en France, la série est diffusée dans une version quasi-intégrale; sont coupés :
-Les courtes séquences durant lesquelles des inscriptions en Japonais apparaissent pour présenter un personnage, un lieu, un Golgoth, mais aussi parfois des inscriptions qui se trouvent dans le décor (sur certaines portes du centre, ou bien un gros plan sur l'écriteau du Ranch du Bouleau Blanc, etc.), ou bien alors indiquant que l'épisode est à suivre ( à la fin des ep.26, 52 et 73)
- Les écrans titres originaux, tous différents pour chaque épisode de la série, tandis qu'en France ils seront remplacés par un écran titre unique (une image de l'ep.41) durant lequel Michel Gatineau annonçait d'une voix solennelle "Aujourd'hui, Goldorak dans...". La raison de cette suppression est bien entendu la présence des titres écrits en japonais.
-Les teasers de 30 secondes présentant l'épisode suivant. Il semblerait que la version japonaise soit la seule dans laquelle on retrouve ces petites bandes-annonces. 

A noter aussi la présence de la chanson d'Enrique durant la majorité des 24 premiers épisodes, chanson qui couvre ainsi durant certaines séquences (principalement des combats) la musique/chanson entendue dans la VO à ce moment-là, et nous privant ainsi des bruitages.
il est arrivé aussi que certaines chansons entendues en cours d'épisodes dans la VO(chantées bien entendu en japonais) soit remplacées par des BGM de la série : c'est le cas à la fin des ep.30, 44, 63 et 74, par exemple.

Quant au second générique de début dessiné par Shingo Araki, il ne sera présent que de l'ep.48 (49 au Japon) au 52 - et ce uniquement lors des diffusions sur Antenne 2 et M6.
Le second générique de fin restera quant à lui inédit dans nos contrées. 

Ce n'est qu'à partir de 1987, au cours des rediffusions dans le cadre du Club Dorothée que l'on va pouvoir observer de véritables censures qui, curieusement, ne concernent pas seulement des séquences jugées potentiellement "choquantes", mais aussi des scènes tout à fait anodines... Visiblement il était de bon ton de raccourcir les épisodes afin de donner plus d'espace aux publicités ou bien d'augmenter le temps d'antenne des animateurs.
C'est au cours des années Club Dorothée qu'apparaîtra un curieux générique, mélange d'images de celui que nous connaissons bien et d'images tirées de différents épisodes.

Du point de vue des dialogues, la version française s'écarte parfois de la version japonaise, au point que, au-delà du travail d'adaptation qui est un "mal" nécessaire, il existe quelques grosses différences entre VO et VF; parmi les plus importantes :
-La distinction Golgoths / Anteraks est propre à la version française; dans la VO ils sont tous désignés sous le terme de Enbanju (littéralement : monstres soucoupes); il existe cependant bien un équivalent au terme Monstrogoth dans la VO : Vegaju (utilisé de l'ep.52 au 74).

-Si Goldorak est désigné comme une création strictement Véghienne dans la VF, il n'en est pas de même dans la VO, où l'origine du robot sera quelque peu modifiée au fil des épisodes : dans l'ep.2, il est présenté comme le fruit d'une collaboration forcée entre Euphor et Véga (Véga ayant envahi Euphor dans le but de faire construire Goldorak grâce à la technologie très avancée de la planète d'Actarus, et ce afin de faciliter leur projet de conquête de l'univers), puis à partir de l'ep.25 comme une création strictement Euphorienne, Aphélie le désignant d'ailleurs comme étant le "Dieu protecteur" d'Euphor.
Ainsi, du fait de cette erreur /modification, nombreux sont ceux qui se sont demandés pourquoi Véga ne pouvait pas mettre au point un robot aussi puissant que Goldorak, alors qu'ils avaient (croyait-on) construit ce dernier.

-Il n'est jamais fait état dans la VO que le sang d'Actarus qui coule dans les veines de Vénusia depuis l'ep.27 soit responsable de ses qualités physiques ou de pilote.

-Dans la VF de l'ep.33, on apprend que le cerveau du cousin d'Actarus, Obéron, a été greffé dans le Golgoth; or dans la VO il n'en est aucunement question : le Golgoth est tout simplement à l'image des petits grillons avec lesquels Actarus s'amusait lorsqu'il était enfant (c'est d'ailleurs lui que l'on voit dans la scène flash-back), seule raison de son trouble lorsque vient le moment de l'affronter.

 -Dans l'ep.49, le tuteur de Phénicia lui apprend qu'Euphor échangeait depuis de nombreuses années ses connaissances scientifiques avec le centre du professeur Procyon, ce qui n'est là encore pas le cas dans la vo;ainsi il ne demande pas non plus à Phénicia de se rendre au centre de Procyon : dans la vo il lui dit simplement qu'elle pourra retrouver goldorak grâce à son médaillon, qui réagit lorsque Grendizer est à proximité; ce qui la mènera tout naturellement vers le centre. 

En s'éloignant des dialogues originaux, les concepteurs de la version française aboutirent aussi parfois à des scènes dont les dialogues ne faisaient pas toujours sens : c'est le cas par exemple de l'ep.63, dans lequel Véga promet à Alizée qu'elle pourra retrouver son frêre si elle accepte d'utiliser le glaciateur contre Actarus. 
Etant donné qu'on apprend au début de l'épisode que ce frêre est mort, cette
 promesse n'a donc aucun sens puisqu'il n'est jamais fait état que la technologie Véghienne permet de redonner la vie à ceux qui l'ont perdu, ce qui par conséquent signifierait qu'Alizée accepte d'aider Véga dans son projet de conquête de la Terre contre la seule promesse d'être tuée une fois sa mission courronée de succès !
Dans la vo, Véga se contente de jouer de son autorité pour convaincre Alizée, sans rien lui promettre en retour. 
Le point commun entre la vo et la vf, en revanche, est que dans les deux versions Alizée accepte la mission de Véga en souvenir de la promesse qu'elle avait faîte à son frêre de mener seule le projet concernant la conception et les tests du glaciateur.

  

3) Diffusion

 Goldorak débarque sur les écrans français le lundi 3 Juillet 1978 sur Antenne 2, dans le cadre de l'émission Récré A2. La série est alors diffusée en fin d'après-midi tous les lundis et jeudi jusqu'au jeudi 28 décembre, date de diffusion de l'ep.52.
Antenne 2, n'ayant acheté que 52 épisodes, n'a désormais plus d'inédits à proposer... ou presque.
En effet, les épisodes 12, 37 et 51 n'ayant pas été diffusés (notamment pour cause d'émission déprogrammée les jours où auraient dû être proposés ces épisodes), Récré A2 les propose donc dès le 4 Janvier durant la nouvelle case horaire allouée à Goldorak : tous les jeudis.
Entre-temps Antenne 2 a acheté les 22 derniers épisodes, mais le doublage étant en cours (ce qui explique les changements de voix de Phénicia et Horos entre les ep.52 et 53) la chaîne se retrouve définitivement à cours d'épisodes inédits suite à la diffusion de l'ep.51 le 18 Janvier et décide tout simplement... de rediffuser la série depuis le début, dès la semaine suivante.

La première rediffusion (partielle) de Goldorak commence donc le 25 janvier 1979 et se poursuit ainsi jusqu'au 3 Septembre 1979 (date de rediffusion de l'ep.32).  A noter qu'à partir du 7 Mai la série est déplacée du jeudi au lundi, et que les épisodes 4, 5, 10 ont été sautés.
Le 10 Septembre est rediffusé l'ep.52, puis à partir du 17 Septembre sont diffusés les épisodes inédits, tout du moins jusqu'à l'ep.68, le 31 Décembre 1979, avant qu'un certain Albator ne vienne prendre la place de Goldorak dans Récré A2 dès la semaine suivante. 

Les 6 derniers épisodes ne seront diffusés qu'à l'automne 1980, les vendredis, du 14 Novembre 1980 au 19 Décembre 1980, puis le "robot des temps nouveaux" disparaîtra des écrans français pendant plus d'un an, avant de finalement être rediffusé à nouveau tous les mercredis en début d'après-midi à partir du 6 Janvier 1982, toujours sur Antenne 2.

Goldorak reviendra en 1987, cette fois sur M6, mais aussi sur TF1 en Septembre de cette même année, dans le cadre du Club Dorothée; puis la série passera par la 5 en 1991 avant de revenir sur TF1, et enfin poursuivra sa carrière sur différentes chaînes du câble et du satellite en 1995/96 (notamment TMC et RTL9), avant que le différend opposant Go Nagai à Toei Animation ne vienne bloquer la série. 

 

4) Les génériques 

La série connaîtra de nombreux génériques au cours de ses multiples diffusions :

 Au tout début, il s'agit des fameuses chansons d' Enriqué que l'on peut entendre dans de nombreux épisodes du premier tiers de la série, et dont la musique correspond à celles des génériques japonais de début et de fin de chaque épisode. Elles sont cependant bien vite retirées, car jugées racistes, en particulier à cause de cette phrase : "tu vas sauver notre race". Évidemment il s'agit tout simplement de la race humaine (Actarus étant un extra-terrestre), mais les nombreuses critiques de l'époque émanant très certainement de personnes n'ayant qu'une vague idée du sujet de la série... 

Noam est alors choisi pour interpréter le nouveau générique, à la musique beaucoup plus douce, et Pierre Delanoé, qui avait écrit les paroles des deux précédentes chansons, signe un nouveau texte dénué de tout éventuel sous-entendu. 

En 1979, la série étant rediffusée depuis le début, deux nouvelles chansons sont enregistrées et remplacent celle de Noam dont le 45 tours s'est hissé au sommet des hit-parades. Il s'agit de "La légende d'Actarus" (générique de début) et "Le prince de l'espace" (gén. de fin), réorchestrations "synthétiques" des musiques des deux génériques japonais, et interprétées par les Goldies (alias Jean-Pierre Savelli).

En 1982, nouvelle rediffusion de la série sur Antenne 2, et deux nouvelles chansons, très rythmées, sont à nouveau enregistrées, cette fois par Lionel Leroy : "Et l'aventure continue" fera office de générique de début, et "La justice de Goldorak" servira pour celui de fin.

Goldorak débarquant dans le club Dorothée en 1987, un nouveau (et dernier) générique (officiel) est enregistré : "Le retour de Goldorak" (plus connu sous le titre "Goldorak, Go"), par Bernard Minet. 

 

¤Grendizer dans le monde
 

Grendizer sera diffusé dans plus de 50 pays à travers le monde, et reste ainsi à ce jour le robot le plus connu de Go Nagai, devançant Mazinger Z (diffusé dans une trentaine de pays) et Great Mazinger (à peine une dizaine de pays).

Voici la liste des pays/territoires dans lesquels la série fut diffusée :

Europe : Irlande, Angleterre, Espagne, France, Belgique, Luxembourg, Suisse, Italie, Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie,  Albanie, Roumanie, Bulgarie, URSS, Iles Canaries, Ile de Man, Gibraltar. 

Afrique : Maroc, Algerie, Tunisie, Egypte, Sahel, Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Senegal, Guinee, Cote d'Ivoire, Togo, Benin, Haute-Volta, Cameroun, Republique Centrafricaine, Gabon, Congo, Ruanda, Burundi, Afrique du Sud, Madagascar.  

Amérique : Canada,  Etats-Unis, Iles Falkland, les Bermudes, Les Caraïbes 

Asie : Liban, Israel, Jordanie, Iraq, Arabie Saoudite, Koweït, barheïn, Quatar, Emirats Arabes Unis, Hong Kong, Coréé du Sud. 

Océanie : Australie, Nouvelle-Zelande.  

Parmi tous ces pays, il y en a certains pour lesquels la diffusion de la série est considérée comme illégale; c'est le cas pour Hong Kong, la Corée du Sud ou l'Egypte, par exemple.
Les doublages français et arabes sont les plus répandus.


En Italie, la série fut diffusée à partir d'Avril 1978 sous le titre "Atlas Ufo Robot", le succès sera tout aussi considérable qu'en France;. A noter que les ep.15, 59 et 71 ne furent jamais diffusés (l'ep.71 sera toutefois inclus dans le film "Goldrake Addio, montage des 4 derniers épisodes de la série).

Aux États-unis, Grendizer ("renommé" Grandizer) fera partie du programme Force Five (dans lequel on retrouvera aussi Getter Robo G et Gaiking, entre autres); seuls 26 épisodes seront diffusés (ep.1/2/4/5/7/8/10/11/13/16/17/19/20/21/22/23/24/26/27/30/31/32/33/34/36/37), dans une version censurée.

 

 

 

 

 




26/12/2012
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